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Au coeur de la collectivité - Rencontre avec Alexandre, éducateur enfance

Pour remplir nos missions de solidarité humaine, près de 1000 agents, répartis sur l’ensemble du Morbihan, œuvrent quotidiennement au sein des différents services et structures de la Direction Générale des Interventions Sanitaires et Sociales . Nous vous présentons aujourd'hui le métier d'éducateur enfance à travers l'interview d'Alexandre.

Depuis quand travaillez-vous au Conseil Départemental du Morbihan, dans quel service et quel est votre rôle ?

Je travaille pour le Conseil Départemental du Morbihan depuis bientôt 3 ans. J’occupe la fonction d’Educateur Enfance, au sein du service de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ce service dépend, avec la Protection Maternelle et Infantile, de la Direction Enfance Famille.

Quelles sont les missions principales d’un éducateur spécialisé ?

Dans nos missions de Protection de l’Enfance, nous sommes principalement chargés aujourd’hui d’accompagner des familles qui bénéficient de mesures éducatives, qu’elles soient judiciaires ou administratives, dans le cadre d’un placement en famille d’accueil ou à leur domicile.

D’autre part, nous sommes également amenés à participer à des actions de préventions sur notre territoire d’intervention, en interne ou alors avec certains partenaires. Enfin, on accompagne aussi l’accueils de stagiaires, d’étudiants en apprentissage, et on peut être amenés à intervenir au sein de l’institut de formation en travail social du secteur si on le souhaite.

Comment devient-on éducateur enfance ?

Pour devenir Educateur Enfance au sein du Conseil Départemental, il faut être titulaire du Diplôme d’Etat d’Educateur Spécialisé ou d’Assistant Social. C’est un diplôme obtenu après 3 ans de formation, dans l’un des 80 instituts du travail social. Après l’obtention du Bac, on y candidate via la plateforme Parcours Sup et une épreuve de sélection orale est ensuite organisée par l’institut de formation.

Quelles sont les compétences clés dans ce métier ?

Il n’y a pas de professionnel type et c’est justement ce qui fait la richesse des équipes, mais il y a effectivement certaines compétences qui facilitent nos pratiques.

Le fait de savoir s’adapter constamment, dans la manière de communiquer notamment. Dans une même journée, on peut par exemple être amené à faire une visite avec un nourrisson et son parent le matin, s’exprimer en audience devant le Juge des Enfants ensuite, déjeuner en individuel avec un adolescent, puis participer à diverses réunions, commissions…

D’autre part, c’est aussi important de pouvoir prendre du recul vis-à-vis de certaines situations prégnantes. On vit de formidables moments, mais comme dans tous les métiers du relationnel il y a des évènements qui nous impactent fortement. Dans ces cas-là, on tente de ne pas ramener ça à la maison en rentrant, de couper. C’est ce qui permet de trouver un équilibre dans notre engagement, notre implication.Enfin, il faut se remettre en question, quotidiennement. Ce qui a fonctionné auprès de certaines familles ne fonctionnera pas pour d’autres, et ainsi de suite. Et c’est pareil auprès d’un même jeune, puisqu’il grandit, il évolue. Si le professionnel auprès de lui reste figé dans sa pratique, sans se réajuster, c’est difficile d’avancer.

Travail solo ou travail en équipe ?

Le travail d’équipe est primordial dans nos missions. A l’Aide Sociale à l'Enfance, chaque équipe est constituée de gestionnaires, d’une psychologue, d’assistants familiaux, d’éducateurs et de cadres. En fonction des postes, chacun à un rôle particulier auprès des jeunes et leur famille, et il y a une réelle volonté de complémentarité entre nous.

Ça offre donc aussi des points de vue différents, que ce soit lors des temps informels, ou en réunion, ce qui nourrit énormément les échanges et permet souvent de dégager davantage de pistes, de propositions, dans l’intérêt des jeunes accompagnés. Et cela est largement favorisé par le vécu, le parcours, les différentes expériences professionnelles des collègues qui composent nos équipes, et par l’apport certaines fois d’un regard plus « neutre » que celui de l’éducateur référent de la situation.Enfin, quotidiennement, le soutien mutuel que l’on peut s’apporter est essentiel pour permettre de relativiser, de dédramatiser, et tenter d’instaurer une ambiance de travail sereine.

Au sein d’une structure ou sur le terrain ?

Aucune semaine ne se ressemble vraiment à l’ASE, mais globalement on peut dire que l’on passe une moitié de temps sur le terrain, au sein des familles ou alors en visite chez nos collègues assistants familiaux, là où résident les jeunes accompagnés.
L’autre moitié du temps, on participe à diverses réunions et on reçoit le public en entretien dans nos locaux, ou on se déplace en rendez-vous extérieur auprès des nombreux partenaires avec qui l’on collabore.

Quels sont les enjeux principaux rencontrés au quotidien ?

Dans le cadre de nos missions on rencontre forcément beaucoup d’enjeux sociétaux actuels, puisqu’ils concernent un certain nombre de familles accompagnées. Ainsi, au-delà des difficultés éducatives rencontrées, elles peuvent souvent être confrontés à la précarité, aux difficultés d’accès au logement ou à l’emploi, à l’augmentation significative des violences conjugales, etc.
D’autres part, le secteur géographique joue également un rôle important sur ces aspects. On peut voir une nette différence entre milieu urbain et rural, sur des sujets comme le développement et l’utilisation du numérique, l’accès aux transports, ou l’isolement social par exemple.

Avec qui interagissez-vous au quotidien ?

Comme précédemment évoqué, le partenariat est conséquent sur ce poste et les acteurs sont issus de champs variés. Nous sommes, par exemple, amenés à travailler avec les établissements scolaires, les structures médico-sociales qui accompagnent les jeunes en situation de handicap ou présentant des troubles du comportement, la Maison de l’Autonomie et les services d’insertion professionnelle.

Dans le champ de la Protection de l’Enfance, on collabore conjointement avec les associations du secteur habilité (Sauvegarde 56, Saint-Yves, Association Educative Espoir, l’ARASS) et le Centre Départemental de l’Enfance.

Sur le versant judiciaire, on est amenés à travailler avec les Tribunaux Pour Enfants, les services de Gendarmerie et de Police Nationale, les équipes de la Protection Judiciaire de la Jeunesse ou encore les Services Pénitentiaire d’Insertion et de Probation.

Dans le champ de la santé, on collabore entres autres avec les Centres Psychothérapeutiques pour Enfants et Adolescents, les Centres Médicaux Psychopédagogiques, ou les professionnels libéraux (orthophonistes, psychologues).

Enfin, on travaille aussi avec les services en charge des accompagnements budgétaires, administratifs, mesures de curatelles/tutelles, ou encore d’accès au logement.L’Aide Familiale Populaire et le réseau d’Aide à Domicile en Milieu Rural, sont également deux partenaires très présents à nos côtés, notamment dans le cadre des visites en présence d’un tiers.

 

Quelles sont les possibilités d’évolution dans ce secteur ?

Au sein du Conseil Départemental, un éducateur enfance a justement plusieurs opportunités de mobilité.

Il y a par exemple la possibilité d’exercer les missions d’éducateur enfance spécifiques auprès des jeunes Mineurs Non Accompagnés, rejoindre le Service Protection Juridique des Mineurs en exerçant les missions liées à l’adoption et la filiation, ou encore devenir chargé d’évaluation ou de recueil des Informations Préoccupantes au sein de la CRIP.D’autre part, les professionnels également intéressés par l’aspect managérial, la coordination, et davantage de responsabilités, peuvent s’orienter vers différents postes d’encadrements, nombreux au sein de la collectivité.

En quoi le métier d’éducateur enfance est un métier à impact ?

On considère le métier d’éducateur enfance comme un métier à impact car on intervient réellement au sein de la sphère privée des personnes accompagnées. On se retrouve dans l’intimité des familles, avec bien sur toute la retenue, la discrétion et la pudeur que ça demande. L’objectif étant, via les échanges, les outils proposés, de permettre à ces familles d’engager un mouvement, d’évoluer vers un modèle éducatif plus adapté aux besoins des enfants et qui correspond également à leurs valeurs, leurs cultures, leurs vécus. Puisqu’à terme, l’idée reste qu’ils n’aient plus besoin de ce soutien éducatif.

Si vous deviez donner un conseil à un jeune qui se lance dans ce métier ?

Quand on sort du diplôme et que l’on prend ce type de poste, on peut rapidement se demander si on est légitime, au regard de l’âge et du manque d’expérience.

Pour pouvoir dépasser ça c’est important de s’appuyer sur les expériences de ses collègues, de ne surtout pas hésiter à poser toutes ses questions, à exprimer ses doutes, ses craintes, etc…Mais surtout je conseillerais de principalement profiter des nombreux échanges et temps partagés avec les jeunes, ainsi que les familles, qui nous apprennent et nous font évoluer tous les jours.

Quel est votre balade préférée dans le Morbihan ?

Ça va faire rire certaines de mes anciennes collègues, mais j’aime beaucoup la partie du littoral qui s’étend entre Larmor-Plage et Guidel. Après si je devais choisir un seul endroit, ce serait Lomener, sans hésitation !

 

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