L'ile d'Arz voit la vie en rayures avec Daniel Buren

L’ Art contemporain est l’art de notre temps, l’art qui se crée aujourd’hui.

Il résiste souvent aux définitions mais ne cesse d’interroger et d’intéresser un public de plus en plus large. Le Département du Morbihan a toujours placé au coeur de ses politiques en faveur de la culture, le soutien à la création et aux artistes. La présence des artistes sur notre territoire contribue à la découverte de l’autre et à l’ouverture vers le monde.

Le nom de Daniel Buren est connu dans le monde entier, aussi je ne peux que me réjouir d’accueillir dans notre département un artiste majeur de la scène contemporaine. L’art investit non seulement les rues et les places des grandes villes mais aussi les espaces naturels et le paysage. A travers un parcours unique de l’Ile d’Arz, les oeuvres de Daniel Buren nous invitent à la découverte de ce paysage exceptionnel au coeur du Golfe du Morbihan. Nous espérons ainsi instaurer un dialogue fructueux entre la mer et la terre, entre l’Ile d’Arz et le domaine départemental de Kerguéhennec.

Convaincu de l’importance de l’éducation artistique et à l’image pour les jeunes générations, le département du Morbihan accompagne de manière volontaire non seulement la création contemporaine et sa diffusion mais aussi la médiation et la connaissance des oeuvres en les articulant avec les projets d'éducation artistique et culturelle et les pratiques en amateur. Un ambitieux programme d’actions autour de l’exposition Au détour des routes et des chemins permettra de répondre à cette exigence.

Pour tous les Morbihannais et pour tous les visiteurs qui découvrent notre territoire, la visite de l’exposition de Daniel Buren à l’Ile d’Arz sera sans doute un moment d’exception.
 

Daniel Buren aime dire que certaines de ses oeuvres empruntent le paysage. Cette notion vient du mot japonais Shakkei, qui désigne une tradition des jardins nippons consistant à inclure au travers d’ouvertures aux formes variées, sorte de fenêtres, le paysage proche et lointain de l’arrière-plan dans le jardin, en donnant une impression d’infini.

Le paysage, humblement emprunté, devient ainsi une composante du jardin, mais il n’a pas été approprié. C’est cette image qui est apparue bien plus intéressante à Daniel Buren que les termes habituels d’encadrement, d’inclusion, or il s’agit bien de cela : cadrer le paysage, l’environnement dans l’oeuvre, ou intégrer l’oeuvre dans un paysage.

Pour Daniel Buren, il y a paysage emprunté lorsqu’il y a osmose entre l’ajout et l’existant, ce terme renforçant sérieusement le fait que l’existant, même transformé, ne lui appartient pas.
Après avoir été sollicité par la Mairie de l’Ile d’Arz pour une intervention spécifique et après plusieurs visites sur le site, accompagné du curateur Joel Benzakin, Daniel Buren a pensé qu’il serait plus judicieux de proposer une série d’interventions, directement liées au contexte de l’île, à ses paysages, et qui pourraient rythmer les visites ou promenades du public.

Ces interventions extérieures, toutes réalisées in situ et dans les matériaux les plus simples, viennent ainsi ponctuer des lieux choisis et se présentent comme un parcours que l’on peut effectuer sans ordre véritable permettant de faire le tour de l’île et cela dans un laps de temps accessible à tous.
 

STATION 1 (embarcadère du port de Béluré)

C’est sur l’embarcadère que prend place la première intervention. Sur la jetée où les visiteurs arrivent, une série de sept portiques en bois marquent le sens du déplacement en alternant les bandes de 8.7 centimètres vertes et blanches. Dans l’autre sens, celui qu’il ne faut pas emprunter, le dos de ces mêmes portiques est rayé de bandes blanches et rouges.

STATION 2 (Penero)

Au bord de l’une des routes allant vers le village principal de l’île, et offrant une vue assez complète sur celui-ci, un grand carré ouvert en son centre vient cadrer cette partie choisie du village, avec son clocher en point de mire.

STATION 3 (Berno)

Sur le bord de mer près du moulin à marée de l’île, un bouquet d’arbres devient littéralement le support propice à une intervention qui vient s’inscrire dans la courbe des branches et qui laisse apparaitre d’un côté, une porte et de l’autre une fenêtre.

STATION 4 (Le Prieuré / Mairie)

Dans le village principal, de l’autre côté de la route séparant la mairie de l’espace public qui lui fait face, un grand cadre vient souligner une perspective. Ce point de vue est en fait un alignement de douze poteaux verticaux, également espacés, qui traversent ce jardin en une diagonale parfaite entre son entrée côté mairie et sa sortie vers un chemin menant à la mer.

STATION 5 (Liouse)

Sur l’un des promontoires de l’île, le plus exposé aux vents et où la dernière grande tempête a cassé de nombreux pins, il ne reste que leurs souches de plus ou moins grandes dimensions. Ce bois dépeuplé fait face à la mer et offre un très beau panorama sur le large. L’intervention n’a nécessité aucune construction, seules les souches restantes sont utilisées et les fûts de ces arbres coupés sont rayés de bandes alternées blanches et colorées.

STATION 6 (Bilhervé)

C’est sur l’un des sentiers balisés de l’île faisant face à la mer que sont alignés cinq cadres comme autant de points de vues. Le centre de chacun de ces cadres est teinté d’une couleur différente qui vient légèrement colorer le paysage.

STATION 7 (Penero)

Un chemin large devenant un sentier nous amène vers une plage. Il s’agit donc d’inviter les promeneurs à l’emprunter, via cinq portiques, et à profiter d’une baignade ou d’une promenade avant de prendre le bateau du retour.