Dossier de presse : Point d’étape sur les travaux de restauration du château du Domaine de Kerguéhennec

Véritable emblème du patrimoine morbihannais, le château de Kerguéhennec fait actuellement l’objet d’une importante campagne de restauration engagée par le Département du Morbihan depuis 2024.
Publié le 17.10.2025

Situé au cœur d’un vaste parc paysager, cet édifice du XVIIIe siècle classé au titre des monuments historiques a traversé les époques.

Alors que le chantier se poursuit jusqu’en 2027, ce point d’étape met en lumière l’avancée des travaux et les actions menées pour préserver, restaurer et transmettre ce lieu emblématique aux générations futures.

Ces travaux s’inscrivent dans un programme global de préservation, de restauration et de valorisation du domaine pour développer une nouvelle offre au public à compter du printemps 2027.

Durant les travaux, le château et le cœur du site sont temporairement fermés, mais le parc et les espaces naturels restent ouverts au public.

UNE RESTAURATION AU SERVICE DE LA PRÉSERVATION

En 2018, une étude complète a été conduite par Dominique Lizerand, architecte du patrimoine, afin d’évaluer l’état sanitaire du château et mieux comprendre les causes de sa dégradation. Un diagnostic parasitaire approfondi a révélé la présence de mérule dans les combles et les caves.

Les travaux de restauration du château ont été engagés en 2024 et visent avant tout la conservation du monument. Ils portent sur quatre interventions majeures pour un montant total de 3,76 M € HT, qui sont les suivantes :

  1. La réparation et restauration de la toiture, des lucarnes et la restitution du campanile,
  2. Le traitement du mérule et les réparations structurelles des planchers,
  3. La restauration de toutes les menuiseries extérieures,
  4. La gestion de l’humidité du sous-sol et le réaménagement des sanitaires.

LES GRANDES ÉTAPES DU CHANTIER

1 - LES TRAVAUX DE RESTAURATION DE LA TOITURE, DES LUCARNES ET LA RESTITUTION DU CAMPANILE

La charpente en châtaignier, avait déjà fait l’objet de réparations par le passé, mais elles s’étaient fortement dégradées au fil des années. Les pieds de ferme (bases des poutres principales) étaient tous pourris et abîmés, qu’il s’agisse des bois encastrés dans les murs ou des pièces métalliques désormais rongées par la rouille. Certaines pièces de charpente étaient même manquantes. Les travaux actuels ont permis de renforcer l’ensemble de la charpente, en utilisant du chêne et du châtaignier, comme à l’origine.

Dans la charpente du corps central, on pouvait encore apercevoir les vestiges de l’ancien campanile (petit clocher). Grâce aux archives et éléments conservés, le campanile a pu être reconstruit à l’identique du modèle existant au XIXe siècle, disparu depuis des décennies. La charpente du campanile est recouverte de zinc, de même que son dôme orné d’écailles de zinc. L’horloge a également été restaurée et sera réinstallée. L’ancienne cloche ayant disparu, une nouvelle sera fondue

La couverture ne présentait pas de grosses fuites, mais les chéneaux (gouttières intégrées) provoquaient parfois des infiltrations. Les cheminées, autrefois protégées par une plaque métallique, étaient très dégradées. La couverture a été entièrement révisée et les zones les plus sensibles ont été refaites à neuf. Les couronnements des cheminées ont été recouverts de zinc et les épis ont été restitués.

Les lucarnes en pierre, ajoutées au XIXe siècle, étaient maintenues par des tirants métalliques (tiges de renfort) en mauvais état, souvent décrochés ou rouillés. Lors des travaux menés sur la couverture, il s’est avéré que les lucarnes contenaient du fer oxydé, ce qui avait causé l’éclatement de plusieurs pierres. Elles ont donc été nettoyées, puis pour la plupart démontées et remplacées. Les anciens tirants ont été remplacés par des pièces en métal inoxydable. Les acrotères sculptés (éléments décoratifs en pierre sur les frontons) avaient disparu, mais un exemplaire retrouvé dans les combles a servi de modèle, et ils ont pu être recréés en pierre calcaire. Les frontons ont tous été protégés par une couverture en plomb.

2 - LE TRAITEMENT DU MÉRULE ET LES RÉPARATIONS STRUCTURELLES DES PLANCHERS

Des sondages et des prélèvements analysés en laboratoire ont permis de repérer les zones attaquées par le mérule. Ce champignon s’attaque aux structures en bois et les rend fragiles, il peut également se développer dans les maçonneries.

Pour s’assurer de son éradication, tous les bois et les murs des zones infestées ont été traités. Ces traitements ont nécessité d’enlever les planchers des combles et les plafonds du premier étage. Les travaux ont permis de remplacer les solivages (poutres) abîmées et de redécouvrir les anciens décors du XIXe siècle peints au pochoir présents sur certaines poutres du premier étage. Ces décors seront restaurés pour être présentés au public.

3 - LA RESTAURATION DES MENUISERIES EXTÉRIEURES

Les menuiseries extérieures ont fait l’objet d’un diagnostic approfondi, qui a révélé que des fenêtres étaient en mauvais état et que nombre d’entre elles n’étaient pas étanches. De plus, certaines peintures contenaient du plomb, ce qui a nécessité une intervention encadrée pour protéger les ouvriers et le chantier.

Toutes les menuiseries ont été déposées et restaurées avec soin en atelier. De retour au château, après sondage des couches de peinture, elles ont été repeintes à l’extérieur avec un blanc légèrement teinté, proche de celui utilisé au XIXe siècle. Les couleurs intérieures ont quant à elles été restituées pour les pièces pourvues de décors.

4 - LA GESTION DE L’HUMIDITÉ AU SOUS-SOL ET LE RÉAMÉNAGEMENT DES SANITAIRES

Le sous-sol du château souffre d’une humidité importante liée au mauvais écoulement des eaux de pluie, d’un manque de ventilation et de l’absence de chauffage. Les sanitaires situés à cet endroit étaient vétustes. L’enduit de la façade a été refait, et les vasistas du sous-sol ont été entièrement restaurés.

Dans les prochains mois, les travaux prévoient la réfection des murs intérieurs, l’installation de nouveaux sanitaires chauffés et ventilés, et la réalisation d’une nouvelle filière d’assainissement conforme aux normes.

TABLEAU RÉCAPITULATIF DES ENTREPRISES INTERVENANTES

DOMAINE D'INTERVENTION ENTREPRISES
Charpente CRUARD
Chauffage, ventilation, plomberie SANITHERM
Couverture (ardoises, zinc, plomb) LESURTEL
Électricité EIFFAGE
Horlogerie et cloche BODET, CORNILLE HAVARD
Maçonnerie et pierre de taille VITRY
Menuiseries extérieures CHAPUIS
Ornements et métallerie LOIRE ORNEMENT, BOURNIGAL, ART CAMP
Peinture et décors peints L’ACANTHE
Planchers et finitions plâtre CRUARD, GALOGER
Traitement du mérule LIGAVAN

LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES SUR LE SITE DE KERGUÉHENNEC

Dans le cadre des travaux d’aménagement du site, le Service régional de l’Archéologie a prescrit des opérations d’archéologie préventive afin d’identifier et d’étudier les vestiges archéologiques susceptibles d’être affectés par les travaux.

Depuis septembre 2024, le Service départemental d’Archéologie a mené trois diagnostics sur plus de cinq hectares, ce qui a révélé un potentiel archéologique remarquable lié à l’ancien manoir du XVe siècle.

Depuis septembre dernier, les archéologues interviennent sur les terrasses ouest du château pour une fouille préventive exhaustive. L’objectif est de mettre à jour, fouiller et documenter l’ensemble des vestiges afin d’en réaliser une étude qui enrichira la connaissance du site.

Les premiers résultats ont mis en évidence un imposant mur d’enceinte et une large douve entourant l’ancien manoir, ainsi que plusieurs bâtiments dont les fonctions restent à préciser. Pendant presque quatre mois de fouilles, tous les objets découverts (céramiques, vaisselle, éléments de construction, etc.) seront collectés pour compléter l’étude des structures et des sols. Ces recherches viendront nourrir la future valorisation du domaine de Kerguéhennec.

UN LIEU D’HISTOIRE ET D’ARCHITECTURE

Édifié au début du XVIIIe siècle par l’architecte vannetais Olivier Delourme pour les frères Hogguer, banquiers lyonnais, le château a été construit sur les vestiges d’un premier manoir datant du XVe siècle. Passé successivement dans les mains de différents propriétaire - les Rohan, les Janzé puis le comte Paul-Henri Lanjuinais - il connaît sous ce dernier d’importantes modifications réalisées sous la direction de l’architecte parisien Ernest-Félix Trilhe. Menés de 1872 à 1876, ces grands travaux vont moderniser le château et refaçonner le parc, avec notamment :

  • L’ajout d’un campanile central avec une horloge ;
  • Un nouveau décor, d’un style éclectique, caractéristique de cette fin de siècle, au rez-de-chaussée ;
  • Le décor héraldique du nouveau châtelain, omniprésent sur les décors peints et boiseries ;
  • Un péristyle néo-classique sur la grande cour ;
  • Deux balcons monumentaux au nord et au sud du château ;

En 1972, le château a été acquis par le Conseil Général du Morbihan auprès des héritiers du comte Lanjuinais, propriétaires de l’époque. Entre 1972 et 1984, la propriété départementale connaît de nouveaux travaux concernant le campanile, les épis de faîtage (éléments d’étanchéité qui se placent sur le toit) et les décors des lucarnes. Le château et ses dépendances sont classés au titre des monuments historiques en 1988, ainsi qu’une partie du parc historique qui est inscrite la même année.

D’importants travaux de restauration sont ensuite engagés entre 2000 et 2007, sous la direction de Jean-François Lagneau, architecte en chef des monuments historiques. Ils ont concerné les façades et les menuiseries, puis l’intérieur du château et les décors du rez-de-chaussée. Le château est ouvert au public depuis 2007.